La fête de la librairie par les libraires indépendants Journée mondiale du droit d'auteur

le blog de l’évenement: http://fetelibrairieindependante.tumblr.com
 
Depuis 19 ans, l’association Verbes a insufflé avec un succès désormais incontournable un mouvement de terrain très exigeant : la Fête de la Librairie par les libraires indépendants, version française de la Sant Jordi catalane, dans le cadre de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur.
Avec peu de moyens, notre association a créé une journée pour la librairie indépendante qui fait référence en France, en Belgique, en Suisse mais aussi en Europe.
Notre Sant Jordi est devenue un carrefour consistant de l’année littéraire rassemblant public, écrivains, éditeurs, journalistes, libraires indépendants…
Interrogeons-nous ensemble sur sa réussite toujours croissante….

Si les libraires, depuis tant d’années, nous rejoignent de plus en plus nombreux, c’est que nous avons su les représenter d’une façon inhabituelle : un ton franc-tireur, une initiative qui surgit de notre terrain, un éclairage juste sur les invariants et l’esprit de la librairie contemporaine mais également un éloge des savoir-faire et des artisanats éditoriaux ainsi qu’une transmission de la culture du livre. C’est aussi parce que nous avons décalé le regard sur notre métier grâce à un discours qui fait rupture avec le défaitisme collant trop souvent avec ce métier…

Oui, il était nécessaire pour les libraires de parler de ce métier hors champ avec les lecteurs.
Sans misérabilisme, en offrant un livre et une rose.
 
Nos retrouvailles avec eux se font toujours sous le signe d’une créativité qui parfois nous dépasse. Citons quelques exemples: cette association de libraires (7 librairies) située à Aix-en-Provence qui a crée cette année deux parcours de lectures itinérantes dans la ville autour du thème de la Métamorphose (en écho à notre ouvrage) ou encore l’association Libr’air du Nord-Pas-de-Calais dont les 21 librairies ont organisé leur festival Passions d’Avril pendant 2 jours et sur plusieurs communes (Lille, Roubaix etc.) de la région ou encore les libraires de Au-temps-Lire, qui ont créé l’initiative « un livre, une pose » où les lecteurs étaient invités à se faire photographier avec leur livre favori!

A travers l’initiative de la San’t Jordi a surgi de surcroît un courant imprévu dans les liens avec nos lecteurs…
Est-ce grâce à notre endurance et à la vôtre ? Est-ce parce que nous offrons un ouvrage de création qui réussit à les séduire par une variante étonnante de la culture du livre ? Est-ce parce que nous publions un livre hors commerce ? Est-ce parce que les libraires, au fil du temps, ont davantage professionnalisé et investi cette journée ? Est-ce grâce à cet époustouflant et très populaire relais médiatique (grand reportage au 13h de TF1, tous les JT, toutes les matinales des radios, de nombreuses Unes de journaux, des portraits de libraires, des articles de fond sur notre métier) qui nous porte ?
Et tout cela sans budget publicitaire !
Peut-être est-ce aussi grâce à cette symbolique d’un livre et d’une rose, que le public peut facilement intérioriser, mémoriser ?
Cette journée, comme une virgule dans un texte, est en tout cas devenue une respiration dans la relation que nous avons tissée au cours de l’année avec nos lecteurs. Elle exprime combien nous tenons à être là les uns pour les autres…
Comme vous le comprenez, c’est une journée d’échange, qui, au moral des libraires, redonne du souffle.
Cette année encore, cette manifestation, a rassemblé plus de 480 libraires en France, en Belgique et en Suisse francophone.
Une fois de plus, chaque libraire a pu réaffirmer son combat complexe pour protéger sa pratique, son attachement à la diversité éditoriale à travers les grands catalogues, son désir de transmettre l’esprit du métier aux jeunes pousses travaillant à ses côtés, son souci du droit des auteurs et son effort enfin pour faire vivre les livres de papiers.
La pérennité et la puissance de cette journée, c’est que dans chaque ville, chacun invente selon son point de vente, des actions qui illuminent son lieu d’une visibilité et une unité militante.
Elle permet de réfléchir ensemble sur les différentes possibilités de « survivre » dans une époque marquée par une révolution numérique qui bouleverse le rapport à l’écrit, à la lecture, aux autres….
Il faut, malgré la disparité des situations, rassembler toute l’énergie d’entreprise dont nous pouvons faire preuve dans la tourmente et mutualiser nos innovations afin d’évoluer sans tout perdre….
Notre volonté est de farouchement valoriser auprès du public une production éditoriale plus fouineuse, en dehors des dix meilleures ventes.
Car l’offre et la demande s’uniformisent et ce phénomène est peut-être aussi à l’origine de l’érosion de la fréquentation des librairies. L’industrialisation et l’invasion de faux livres correspondant au « mainstream » culturel, même chez de grands éditeurs, tout cela a pu contribuer à émousser le plaisir et le goût des lecteurs.
Voilà pourquoi, la librairie indépendante doit travailler à « sculpter » et sélectionner son offre en mettant sur leur chemin des ouvrages d’exception. On les retrouvera, ces lecteurs, quand on leur proposera de grands livres…. La vocation de nos lieux est d’inviter les lecteurs au festin littéraire. Et de retrouver ce beau cadeau d’un contact avec soi.
 
 
Pour la petite histoire 

 
San Jordi – Saint Georges – est connu notamment à travers La Légende dorée de Jacques de Voragine, pour avoir terrassé un dragon. Une légende raconte que du sang du dragon jaillit un rosier, une autre que la princesse sauvée des griffes du dragon offrit en remerciement à Saint Georges… un livre.
Célébré aujourd’hui dans près de quatre-vingts pays, San Jordi faisait au Moyen-Âge l’objet de joutes chevaleresques en Catalogne lors desquelles les dames se voyaient offrir des roses.
En 1926, la Chambre des Libraires de Barcelone désignait le 23 avril comme Jour du Livre. Cette date est également la date anniversaire de la mort de Cervantes, de Shakespeare et de l’Inca Garcilaso de la Vega tous les trois disparus, le même jour de la même année, en 1616. Sous le régime de Franco, c’était la seule manifestation où écrivains et intellectuels pouvaient défendre leur liberté d’expression avec un livre et une rose.
 
Il y a à peine quelques années, le 15 novembre 1995, l’UNESCO proclamait le 23 avril, Jour du livre et du droit d’auteur, contribuant ainsi à la promotion de la lecture, de l’industrie éditoriale et de la protection de la propriété intellectuelle.